Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

Urfaust - IX - Der Einsiedler


Urfaust semble être passé maître dans l’art de mettre en musique les vécus agonistiques les plus fous. Faisant suite au magistrale Drei Rituale Jenseits Des Kosmos, ce nouvel ep finit de donner au groupe une réputation à double tranchant, tant la musique ne peut laisser indifférente.

On retrouve les mêmes éléments que sur l’opus précédemment nommé, à savoir un tempo simpliste et hypnotique, martelant indéfiniment sa psalmodie funéraire, ainsi qu’un son issue d’un clavier toujours aussi bizarroïde et astral ou une guitare sur-saturée et complètement arrachée comme sur le deuxième morceaux. Enfin bien sûr, les vocaux qui nous avaient hantés sur le précédent ep reviennent poursuivre leur travail de sabotage mental, hurlant à en perdre haleine, criant à s’en rompre les cordes vocales, tentant de projeter tous ces tourments à l’extérieur. La simplicité des compositions n’a d’égale que leur profondeur et leur incroyable capacité à toucher le point le plus sensible de notre existence, la base même de notre identité, pour y révéler le vide qui y sévit et qui nous ronge petit à petit.

La musique d'Urfaust ne s'écoute pas. Elle brûle, ni plus ni moins, elle réduit à néant. Nous ne sommes plus rien, un vide existentielle nous habite, ampli de distorsions et de sons bizarroïdes, accentuant le délire et l'informe, favorisant l'Absurde.
Encore faut-il oser se brûler.
Encore faut-il oser se détruire.
Rien n'a de sens, si ce n'est cette auto-destruction qui nous hante et peuple les tréfonds de nos âmes malades. Non, rien n'a de sens. Tout s'effondre dans un chaos infernal, les décibels fondent sur l'esprit, brûlant notre existence. Nous nous absentons de nous-mêmes. Ressentons les échéances, l'espoir croulant, la chute, l'indéniable noirceur. Ressentir tout cela, émergeant du plus profond, insupportable trou noir tapis au fond de notre être, se rappelant violemment à nous. Une collusion quasi absolu, comme si tout finissait ce soir alors que rien n’a jamais commencé, la peur de mourir croisant celle de naître, la joie de se détruire croisant celle de se construire en un seul et même mouvement. Paradoxe existentielle insolvable que l’on tente tant bien que mal de camoufler de mille manières, la vérité finissant toujours par éclater en nous lacérant la chaire au passage, comme si rien n’était possible.

Qu’on rejette le groupe en bloc ou qu’on l’adule, la raison en est sans doute la même. Inutile d’en dire plus, à chacun de se confronter à ces horrifiques décibels et de préférer s’en éloigner ou au contraire choir dans le même gouffre que le groupe. Attention toutefois, car quoi qu’on en dise, toute chute est définitive. Une seule question persiste : à quand la même chose sur album ?

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