Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

lundi 27 février 2012

Moss - Sub Templum

L’infâme bête est de retour. Moss avait laissé une étrange traînée visqueuse et suintante après la sortie de leur première incantation longue durée, trace indélébile qu’a imposé l’album dans les esprits. Et voilà qu’ils nous reviennent pour un nouveau sabbat, après une petite démo et un split avec Monarch, ni plus ni moins.

Moss ne fait (toujours) pas dans la dentelle. Ils font dans le sludge/drone doom morbide et mystérieux. Le truc qui arrache la gueule quoi. Les compositions sont lentes, très lentes. Quatre compos pour environ une heure et quart de musique, dont une intro de cinq minutes. Cette dernière est d’ailleurs une sorte de morceau ambiant, très ritualistique, qui plonge bien dans l’ambiance. On éteint les lumières, on revête sa robe de sabbat, quelques bougies et c’est partie, le temps de dépoussiérer ce bon vieux Necronomicon et de se remettre quelques formules en tête.

Le son paraît légèrement moins crade que sur le Chtonic Rites, mais reste tout de même autant écorché, ça sent les abîmes, les caves sans fonds qui rejoignent les tréfonds de la terre. Une odeur nauséabonde emplie vos narines et alors que vous commencez à suffoquer, votre esprit s’égare dans des dimensions inimaginables et imperceptibles. Surgit alors une horrible voix, quasi inhumaine, complètement arrachée et possédée, qui psalmodie des incantations occultes, ce qui ne fait que renforcer le côté ritualistique de la chose.

Pour parler musique, les gars de Moss aiment toujours autant les basses, ça joue vraiment très très bas, au moins six pieds sous terre. C’est lourd, très lourd, et puis soudain un larsen suraigu vient vous déterrer, en vous arrachant au moins la moitié du cerveau. Sûr que tout le monde n’aimera pas. Ça fait mal, c’est à la limite de l’insoutenable, et pourtant on reste scotché, complètement possédé par la violence de ces sons blasphématoires. Oui, j’ai bien dit violence. Ça a beau être du doom, ça n’en reste pas moins violent, on est dans la branche extrême, et sans aucun doute du côté le plus extrême. Au bord du gouffre en quelque sorte.

« Lux E Tenebris » est-il écrit dans le livret. Des ténèbres surgira la lumière.
Si tel est bien le cas, Moss ne devrais plus tarder à la voir, parce que pour être sombre, c’est sombre. Ça suinte la mort, il n’y a pas d’espoir dans cet album. Pas même de tristesse non plus, on est bien plus loin que cet état foncièrement humain. On est à la limite d’un état végétatif, un état ultra primitif qui ne représente ni plus ni moins que la négation de l’humain. De la misanthropie quasi pure, qui sublime l’état morbide. Une immensité de noirceur vous enveloppe et vous emmène par delà les murs de la conscience, vers des mondes qu’il ne faudrait mieux pas connaître. Des mondes de terreurs pourtant bien réels. Je n’ose imaginer le psychisme des géniteurs de Moss, car pour donner vie à pareille entité sonore, il faut avoir côtoyé bien des horreurs.

Moss signe ici un excellent successeur aux rites chtoniens, même s’il ne diffère pas fondamentalement de celui-ci, au niveau de la recette du moins. On aurait eu beau tenter d’imaginer qu’elles profondeurs ce Sub Templum allait atteindre, il était impossible d’imaginer les tréfonds des âmes tourmentées qui l’ont composé. Je ne serais pas étonné que beaucoup soit indifférent à la musique de Moss. Tout au plus pour certains cela constitue une excellente musique pour accompagner une nouvelle de Lovecraft. Et ce n’est pas moi qui dirais le contraire. Mais il y a bien plus dans cet album, un malaise qui sourde, un « chose » malsaine qui ronge la cervelle, qui dérange. Et c’est là tout l’intérêt des groupes comme Moss, proposer une musique qui exprime quelque chose de fort et d’intense, qui vient des tripes, et non quelque chose de calculé, de calibré. Si plus rien ne vous rattache à ce monde, tentez-vous donc ce joyau de noirceur, vous n’en reviendrez pas en un seul morceau, peut-être même pas du tout. Avis aux amateurs.

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