Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

Greymachine - Disconnected


Il arrive parfois que l’on tombe sur un album par inadvertance, aussi incongru que cela puisse paraître. Vous savez, ces galettes dont on croise le nom sur internet alors qu’on cherche autre chose, que l’on classe rapidement dans la catégorie « à écouter parce que machin du groupe Truc est dedans, pour voir ». Et puis on oublie. Mais parfois, par un hasard assez énorme, on se retrouve avec le son dans les oreilles. Et par un hasard encore plus improbable, ça nous renverse complètement le ciboulot.

C’est à peu près ce qui vient de m’arriver avec Greymachine, un des side-project de Justin Broadrick (Jesu, Godflesh), accompagné par Diarmuid Dalton (bassiste dans Jesu), Dave Cochrane et Aaron Turner (Isis). Entité musicale récente, Disconnected signe leur premier effort longue durée. Neuf morceaux oscillant entre 6 et 10 minutes, pour un total de plus d’une heure de musique, ou plutôt devrais-je dire de bruit, voilà l’objet massif qui nous est ainsi proposé.

Il faut cependant très peu de temps pour être happé par l’immense mécanique infernal de Greymachine. Dès les premières minutes à vrai dire, on est définitivement soumis, pour peu que les sons triturés ne vous effrayent pas. La musique de Greymachine rappellera sans aucun doute aux connaisseurs la musique de Godflesh (qui m’est toujours inconnue à l’heure actuelle, n’ayant trouvé assez de temps dans mon espace réalité pour y remédier). Musique industrielle à n’en point douter, on flirt cependant aisément avec d’autres styles, de la noise agressive vers des éléments plus posés, typés post-rock (influence évidente de Jesu), mais aussi des éléments doom de par la lourdeur de la musique, disons drone histoire de donner une idée, mais aussi limite parfois stoner/sludge (sisi, en cherchant bien, le titre Wasted en est la preuve).

Avec un nom comme Greymachine, inutile de préciser que la part belle est faite aux machines et effets en tout genre. La distorsion est sur-présente du début à la fin, les rares vocaux de Aaron sont trafiqués au possible, les tempos sont hypnotiques, les guitares sont cradingues, la basse plus encore, épaisse et grasse tout en parvenant à maintenir une atmosphère froide et distante. Il m’a même semblé croiser des espèce de solos, complètement hallucinés puisque noyés sous une tonne d’effets plus étranges les uns que les autres.

L’univers de Greymachine est étrange, et il semble bien difficile de rendre en mot ces vécues que l’on ressent, que l’on palpe, que l’on hallucine sans doute aussi. Le sympathique mélange décrit un peu plus haut, corrosif et toxique, mais bizarrement également aérien et détaché, ne peut produire autre chose que du délire. On se perd dans un monde de décibels et de sensations en tout genre, noyé sous des masses de matières visqueuses, c’est à la fois brûlant et d’une froideur extrême, notre esprit est martelé sans cesse, la réalité se dissout dangereusement, elle crépite et prend des allures de cauchemars, le Sens disparaît et l’Absurde règne en maître. Apocalyptique, ritualistique, industriel, noir, étouffant, hypnotique, abstrait, psychédélique, voilà tout ce qu’est ce Disconnected.

Un premier album tout à fait réussi à mon sens, qui plaira certainement aux amateurs d’expérimentations auditives douloureuses comme aux habitués de la destructuration sonore.

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