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mardi 28 février 2012

Reverence - Chamber of Divine Elaboration

Discrète entité dans le paysage black metal français, Reverence nous livre ici son second album, deux ans après un premier opus remarqué mais souffrant d’un manque d’homogénéité entre des parties très inspirées puis des passages un peu plus ennuyeux. Reverence a le mérite de suivre son évolution comme bon lui semble, sans se soucier des différents courants ou des conventions. Le résultat est une maturité largement palpable, et une capacité créatrice décuplée. Je m’étonne encore que l’album n’est pas fait plus de bruit que cela. Tout juste quelque ligne ici où là, et un petit 4,5 dans Metallian, qui montre ainsi les goûts étranges voir douteux de ce magazine.

Chamber of Divine Elaboration a été enregistré au Drudenhaus studio par un certain M. Xort. Le son est tout simplement excellent, tant au niveau de la qualité sonore que du rendu en rapport à l’ensemble de l’album. L’artwork a été soigneusement élaboré par David Cragne et représente parfaitement l’esprit du groupe : torturé et complexe, le tout sur des tons de couleurs rouge et noir.

D’un point de vue musical, Reverence continue d’évoluer dans un black metal plutôt lent, fortement teinté de touches industrielles. Pourtant, il n’y a rien à voir avec le premier album. Chaque titre a été minutieusement travaillé et possède donc sa propre identité. Pourtant, le tout semble réellement homogène, et l’on ne s’ennui pas durant ces 55 minutes. Comme pour les titres du split Dissociated Human Junction, on retrouve une superposition de gros riffs lourds, oscillant entre black et doom, des mélodies décharnées et dissonantes, et enfin quelques arpèges hypnotiques. A noter qu’on retrouve le tire Inner Phaze du split en question, dans une version quelque peu différente toutefois. L’autre particularité dans la conception des titres est l’ajout de sample à foison. Sample industrielle, voix diverses (totalitaire, pleurs), présence de violon, et autre sons effrayants. On trouve aussi certain mix un peu noise/électro, comme le début d’Infected Forms of Distance. La voix, enfin, ou devrais-je dire les voix puisque Kk de Trepalium vient pousser la chansonnette, est particulièrement réussi, bien plus expressive que par le passé j’ai trouvé, suffisamment mise en avant sans éclipser le reste. Ici la part belle est donnée aux variations, tantôt un chant clair comme sur « Infected Forms of Distance » par exemple, tantôt un chant intimiste très rocailleux qui n’est pas sans faire écho à la voix d’un certain Kvarforth.

Les ambiances dégagées sont oppressantes, tourmentées, plus encore que sur les précédents travaux du groupe, même si on a toujours senti chez I.Luciferia une attirance pour le mélancolique et le torturé. Cet album est ainsi le miroir de nos sociétés industrielles, de toutes ces souffrances engrangées en nous qui troublent impitoyablement l’esprit. Un abandon total à la misère mental, ou l’espoir est anéanti par un tourbillon hallucinant de négativité. La construction des titres est par ailleurs suffisamment fine pour laisser à l’auditeur le soin de faire abstraction de la musique, et laisser place à l’imaginaire modelé par les ambiances, d’où la puissance de l’album. Etrangement pourtant, cet album est plutôt facile d’accès, on accroche dès le départ, puis l’on découvre petit à petit toutes les subtilités de cette mécanique infernale.

Reverence signe clairement ici sa meilleure réalisation, et montre ainsi l’étendue de ces capacités. Un album fort et authentique, loin de toutes les productions aseptisées qui voient régulièrement le jour ; une musique noire et torturée, au fort relent industriel, que les connaisseurs seront apprécier à sa juste valeur, et que les simples amateurs apprécieront pour l’ambiance qu’il dégage.

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