Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

Time to burn - Is.Land


Time to burn sort en 2007 son deuxième album, après un ep en 2004 et un premier effort longue durée nommé Starting Point. Je dois bien avouer que je n’ai pas eu l’occasion à ce jour d’écouter ces premières sorties, c’est chose à réparer dans l’avenir, car l’écoute de ce Is.Land aiguise la curiosité quant à ce qui le précède. Et vous savez quoi en plus ? C’est du « sang pour sang » français, ouep.

Tout commence par des nappes de guitares en distorsion sur fond d’ambient. Puis une explosion vient déchirer l’ensemble, une brèche dans laquelle on s’engouffre à corps perdu. Arpèges et cris. Larsen. La batterie amorce un tempo, puis la basse vrombit, le sol semble trembler et les murs s’effondrer, les guitares suivent le rythme imposé par des mélodies ravageuses et agonisantes. La voix surgit d’on ne sait trop où, complètement déchirée. D’emblée, nous voici dans le bain. Un coup de latte dans la gueule histoire de bien assommer l’auditeur et le laisser subir l’assaut ravageur.

Time to Burn fait dans le Post-core, ou le hardcore émotionnelle, peu importe. Ce que l’on peut dire est qu’il mélange parfaitement la hargne et la violence du hardcore avec l’émotion de… ben de je ne sais pas trop quoi en fait. Ça vient des tripes et c’est bien là l’essentiel. La musique est parfaitement calibrée, entre riffs ravagés et breaks dévastateurs, le tout parsemé de partie que l’on pourrait qualifier « d’ambient », des parties plus posées mais non moins étranges.
La batterie, avec son jeux de cymbales typiquement hardcore si je ne m’abuse, est parfaitement orchestrée, avec un son de caisse claire tout aussi hardcore, qui tape bien là où il faut quand il faut. La basse bourdonne et étouffe les perceptions, le rythme du cœur s’en trouvant carrément déstructuré. Les grattes assurent elles aussi, de par des riffs variés, tantôt presque mélancoliques, tantôt beaucoup plus étranges, et parfois aussi tout simplement offensives. Le son est le plus souvent saturé, donnant cet aspect fébrile à la musique, ce côté non calculé, simplement exutoire. Enfin, les voix sont très bonnes, que ce soit les hurlements d’écorchés à vif ou les quelques parties plus « parlées » (sur les morceaux 3, 7 et 10).

« Millions of thoughts collide into your brain
[…]
You want to escape yourself
Until you fall down
To lock inside your favourite place
Which smells evil »

La musique de Time to Burn exprime la rupture, l’implosion, l’impact avec la réalité. Le thème de la limite semble surgir tout au long de l’album, de par la structure même des morceaux et des compos de chaque instrument. Une tension est là, elle grouille dans les profondeurs et s’immisce petit à petit, grandissant sans vergogne, puis elle s’impose et finit par imposer son chaos, déstructurant la pensée et ne trouvant d’issu que dans l’explosion, la violence de l’agir. Le cœur bat à s’arracher de la poitrine, les nerfs s’aiguisent, le sang afflux au niveau des tempes, les dents grincent, les poings se serrent. L’écoute de l’album réveille vos colères et vos angoisses paroxystiques, vous donne envie de tout ravager, de tout faire s’effondrer, de propager le chaos partout en dehors de votre cervelle. Et c’est l’épuisement qui l’emporte après l’écoute de l’album, comme si on venait de se battre, comme s’il avait fallut lutter pour la survie, comme s’il avait fallut se retrancher dans ses dernières limites. Trois quarts d’heure d’une bataille infernale menée dans la peur de l’effondrement et la rage primaire de subsister. Une bataille mentale contre soi-même, au fond, la pire des batailles.

La France n’a décidément pas à rougir de ces groupes de post core. Que l’on pense à Overmars, Celeste ou Time to Burn, à chaque fois l’on frémit on pensant à leur musique. Une sincérité et une justesse dans l’expression du chaos, chacun ayant son style propre, mais réussissant néanmoins chaque fois à déstabiliser l’auditeur. Time To Burn signe ici un chef d’œuvre du genre, gardant toute sa créativité et imposant son propre style. Le groupe s’est depuis peu octroyé une pause dans sa carrière, pause qui semble malheureusement s’approcher d’un arrêt définitif… Dommage.

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