Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

dimanche 26 février 2012

Spektr - Mescalyne


Après deux albums remarquables, Spektr nous reviens avec ce nouvel ep. Ce groupe a toujours su selon moi se démarquer des autres groupes par une démarche vraiment personnel, et cette nouvelle sortie ne déroge pas à la règle. Signé chez Debemur Morti Productions, voilà une autre de ces productions discrètes qui pourtant va marquer à coup sûr cette fin d’année 2007.

Mais commençons par le commencement. L’artwork a toujours été soigné pour les productions du groupe, et on a ici le droit à un digipack aussi sobre que classieux : le titre de l’ep et le nom du groupe sont imprimés en relief noir sur fond noir. On y trouve, ainsi que dans le livret, des photos de lieux abandonnées, avec un jeux de lumière particulier qui laissent suggérer que l’endroit est encore habité, que quelque chose sourde, particulièrement angoissant. On retrouve donc l’intérêt du groupe pour l’étrange, le mystère, et je trouve cela particulièrement réussit, en accord avec leur démarche.

La musique quant à elle, est purement Spektr. Le groupe a su se créer sa propre identité, et on la reconnaît aisément. On retrouve donc ce mélange de raw black violent et agressif et de parties ambiantes plus angoissantes les unes que les autres. Pourtant, je trouve le travail du groupe plus aboutit encore. Je n’entends pas par là que les autres réalisations sont mauvaises, loin de là même ; mais sur ce Mescalyne, le mélange des parties black et des parties ambiantes est particulièrement réussit, rendant le tout homogène, sans perdre l’intérêt ni des parties blacks, ni des parties ambiantes. La musique du groupe a toujours possédée une aura angoissante, le nom de Spektr n’est d’ailleurs pas anodin : la musique qui nous est livrée est hantée, elle nous agresse, nous effraye, tourbillonnant dans nos oreilles comme un fantôme sur notre esprit. La réussite d’une homogénéité entre partie black et partie ambiante augmente d’autant plus cette atmosphère dérangeante.

Impossible de ne pas dire un mot sur la batterie. Il ne me semble pas qu’elle ait tenu pareil rôle dans les précédentes réalisations. Si elle est évidemment présente dans les parties black, on la retrouve sur les parties ambiantes, avec un rôle quasi primordial (je pense par exemple au premier morceau). Les compos sont particulièrement recherchées, sortant du cadre black metal, et le rendu est vraiment très intense, ajoutant encore un autre élément angoissant à l’ensemble.

Si le rendu de l’ep est particulièrement sinistre, comme les derniers instants de Revelations avec ce sample très glauque tiré d’un film de Fritz Lang, il n’a pourtant pas la même approche morbide que les travaux précédents (« Near Death experience »). Ici, il s’agirait plus d’un « bad trip ». La mescaline, au cas où vous ne le sauriez pas, est une drogue particulièrement puissante, proche par ailleurs de l’adrénaline d’un point de vue chimique. Cette substance peut provoquée des perceptions déformées du corps, des troubles de l’orientation spatio-temporelle, des perceptions lumineuses étranges (les photos du livret et du digipack prennent alors tout leurs sens), une dissolution de l'ego, des angoisses et peurs intenses, pouvant aller jusqu’au délire. La portée de cet ep nous apparaît alors plus clairement : retranscrire ces mauvais voyages. La construction étrange des morceaux reprochés par certains prend alors toute sa dimension. On comprend également le sample du morceau éponyme, où le poète et peintre Henri Michaux décrit les effets de la Mescaline sur le corps et l’esprit.

Spektr livre donc ici un ep « concept » où la cohérence des parties black et ambiante couplée à un jeu de batterie inspiré réussissent à créer une atmosphère intense qui ne faiblit jamais tout au long de ces 23 minutes. La force de cet ep est de nous faire précisément ressentir ce que le groupe à chercher à exprimer : n’est-ce point là la finalité que tout groupe cherche à atteindre ?
Exceptionnel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire