Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

dimanche 26 février 2012

Dolorian - Voidwards

Y’a des jours comme ça, où l’on se sent complètement déconnecté du monde. Comme si un épais brouillard voilait le faible halo de lumière qui arrive à nos pupilles fatiguées. Comme si nous étions perdus dans un rêve. Pire encore : dans un cauchemar. Evoluer dans un pareil monde est une expérience aux sensations uniques. C’est ce que propose et a toujours proposé Dolorian.

Troisième album pour le groupe, sorti en 2006 après deux albums et un split ep avec Shining. Ils n’en sont donc plus à leur premier essai, même si le groupe semble plutôt être passé inaperçu. Il faut dire que ces finlandais sont plutôt du genre discret : peu ou pas d’interview, pas de sur-publicité. Le trio finlandais est toujours signé chez Wounded Love Records, division du label Italien Avantgarde Music qui sait proposer de très belle sorti, en témoigne le très beau digipack de ce Voidwards.

Le second album avait opéré un changement assez profond comparé au premier. Ce dernier était beaucoup plus proche d’un dark metal, avec une voix très black. Ici, on garde la ligne directrice donnée par le second opus, sans pour autant perdre en créativité. C’est d’ailleurs un des reproches qui a pu être effectué à l’encontre de l’album, il suivrait trop les traces du précédant opus. Pourtant cette critique n’est pas totalement fondée. Certes, on retrouve le même type de travail, mais l’album est différent, et propose une approche différente. Il faut sans doute un peu plus de temps pour se laisser entièrement prendre par l’atmosphère de ce Voidwards.

Arpèges complètement hallucinés, suivit d’accélération typiquement doom, c’est-à-dire contenues mais non moins dévastatrices. Le tout saupoudré d’éléments divers rendant l’atmosphère quasiment absolue. Des sons dissonant, lointains, qui surgissent d’on ne sait où, et qui donnent ce fort sentiment d’étrangeté, ce côté cauchemardesque. Les parties de batterie sont plutôt calmes et posées, parfaitement dosées, bien présentes sans prendre la place des autres instruments. Niveau chant, on a alternance entre une voix susurrée, très psychotique, et une voix death gutturale mélangée à une voix black. Si la voix me semblait un peu limitée sur le premier album, ici l’alternance entre voix basse et hurlements renforce le côté sombre de la musique. Car oui, pour être sombre, c’est sombre. Très glauque, malsain et en même temps planant, hallucinant. C’est là toute la force de Dolorian : créer un cauchemar si effrayant qu’il paraît réel.

Un semblant de trêve est proposé avec la cinquième piste. Extrêmement calme et apaisante, exit les guitares saturées et la batterie, ici seule la guitare sèche est utilisée comme instrument, accompagnée bien sûr par une pléiade de sample. Ce qui se dégage de ce morceau est une profonde nostalgie, une mélancolie pure, loin de toute haine ou colère. Un bref moment de répit avant que le cauchemar ne reprenne.

Chercher à décrire l’atmosphère de l’album paraît chose impossible, tant il fait écho à nos propres ténèbres. Il ne s’agit pas en soit de musique dépressive, classer Dolorian dans se domaine serait réduire tous leurs efforts à néants. La musique de Dolorian est bien plus que cela. Une musique intemporelle, où le temps semble s’arrêter. Une introspection dont on ressort perturbée, différent. Comme si un bref instant nous avions pu contempler le vide.

Le seul reproche qui pourra être effectué à cet album est simplement d’être « trop » proche de son prédécesseur, bien qu’il possède ses qualités propres. Un détail minime, comparé à la qualité de l’opus. Il semble que le groupe rencontre actuellement quelque difficulté. Espérons un rétablissement pour de nouvelles sorties, la musique de cette qualité est trop rare.

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