Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

Ufomammut - Snailking

Quatre ans après leur premier voyage intergalactique, les trois compères d’Ufomammut revinrent pour nous emporter de nouveau dans les confins inconnus de l’espace intersidérale. Quatre années d’une lente maturation, passées à affiner les moindres petits sons, à expérimenter tout sorte de saturation au-delà des limites du pensable, à affûter ses instruments avec de la pierre lunaire, à bouffer du champi astral et gober de l’acide plutonien, à voyager loin, très loin dans l’univers.

Et de ce voyage, le mammouth stellaire nous a ramené une petite compilation martelée sur vinyle avec autant de puissance qu’une fusée au décollage. Parler de fuzz avec cet album est un pléonasme, c’est tellement énorme que ça en est indescriptible, ça prends directement aux trippes et ça vous vibrationne le tout sans retenue, ça fait trembler les mûrs, ça crâme la peau et le cerveau, et bien sûr, ça vous éclate les oreilles. La basse ronde claque avant d’entrer en possession d’une terrible saturation qui craquèle les tympans à force de les faire bondir de vibrations en vibrations. Les riffs sont aussi monolithiques qu’épiques, parfaitement accompagnés par des tempos lancinants et hypnotiques, tandis que les cymbales résonnent en tous sens parmi l’espace sonore déjà pourtant bien rempli. Enfin, pendant qu’une voix de martien défoncé à coup de rail lunaire assène quelques hurlements d’arraché, une multitude de petits sons en tout genre, tellement dispersés qu’on croirait les halluciner, vient parachever le tableau en offrant à l’ensemble quelques éléments éparpillés dans les aires, contrastant avec la lourdeur mammouthesque des riffs.

Tout le géni de l’album réside dans la capacité à créer des boucles infernales sans fins, sorte de tourbillon cosmique, de trous noirs absorbant toutes les structures et tous les repères, les recrachant un instant pour les rebouffer juste après. Ça tourne sans cesse, à une vitesse à peine imaginable, si bien qu’on ne sait plus si c’est du fuzz-riff qu’on entend ou juste le bruit du frottement du au voyage que l’on vient d’entamer. Voyage paranormal, sans départ ni arrivée, incroyablement hallucinogène, d’où l’on ne peut rien vraiment saisir, si ce n’est un maelstrom gigantesque dans lequel on s’enfonce avec bonheur. C’est à la fois une plongé dans un gouffre astral d’une noirceur quasi palpable et suintante, et paradoxalement aussi une envolé dans un grand rien d’une blancheur néantisante. Au final, on a l’impression d’être au bout de la corde d’un yoyo interstellaire, s’enroulant à l’infini autour d’un morceau de météorite, parcourant dans son chemin sinueux des courbes où l’espace et le temps se croisent, se confondent et s’annulent.

L’expérience est paroxystique, unique à chaque écoute, aussi déstabilisante que salvatrice. L’étonnement nous étreint même lorsque l’on finit par se rendre compte que l’on scotche sur le mouvement même du vinyle sur sa platine, cette hallucination de tourbillon continue ne venant que du simple mouvement concret de l’objet. De l’abstraction la plus pure à la concrétude la plus absolue, la boucle semble bouclée. Les échos s’amenuisent alors, les choses semblent se resituer dans une certaine normalité, il ne reste plus que cette impression d’être parti loin, très loin, dans les sphères les plus improbables qu’il puisse exister. Chef d’œuvre.

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