Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

Monarch + Altar of Plagues + Seilman Bellinsky – La conserverie – Angers

Et voilà, fin du postage de masse d'anciennes chroniques. A partir de maintenant, il s'agira de sang frais.
Et pour débuter, je vous offre un petit retour sur la soirée du samedi 18 Février à la Conserverie, nouveau lieu récemment ouvert près d’Angers et plutôt DIY.

Je salue d’abord l’équipe pour avoir organiser ce concert : c’était « risqué », d’une part parce que sur Angers il est de notoriété public que les gens se bougent « difficilement » pour les concerts dans le coin, mais aussi parce que, il faut bien le dire, ce genre d’affiche est peu enclin à ramener du marsouin notoire.
En d’autres termes, seulement trente entrés ont été enregistrées. Tant mieux en un sens, nous n’étions pas serrés comme des sardines dans leur boîte et on a pu profiter du spectacle sans être gêné par tous ces zouaves qui d’un commun accord et sans m’en informer ont décidé de dépasser le mètre quatre vingt et de me boucher la vue. Non, ce soir pas de problème pour regarder le spectacle. En revanche, c’est un peu plus dommage pour les groupes, l’ambiance est toujours plus difficile à instaurer quand il y a peu de monde.
Dommage enfin, pour l’équipe, qui risque de ne pas pouvoir renouveler régulièrement ce genre d’affiche si elle ne rentre pas dans ses frais. J’espère tout de même qu’elle parviendra à développer la salle et à proposer régulièrement des concerts du genre, ce serait une excellente chose pour Angers et les groupes du coin.

Venons en au fait, et débutons avec Seilman Bellinsky. Apparemment, il s’agissait de leur troisième concert seulement, autant dire qu’il s’agissait là du début, même si leur prestation m’a parue tout à fait calée. Mon avis reste tout de même mitigé sur leur musique, à qui il manque un petit quelque chose pour réussir à instaurer et maintenir son ambiance. En somme, il s’agit d’une musique apaisée, calme, tout en arpège et tempo lent. J’ai pensé à du Dolorian pour les ambiances à la fois sombres et intimistes, puis aussi à du post-rock pour le côté un peu planant. Seul bémol : à mon goût, ça manquait d’envolées accrocheuses, rageuses ou non, qui seraient venues étoffer leur musique et diversifier leur répertoire. Car autant c’est accrocheur, autant on frôle un peu trop l’ennui et cela d’autant plus que les morceaux s’enchainent en stagnant dans un seul registre. Bref, intéressant mais sans doute le groupe a-t-il à développer son potentiel.

On enchaîne avec Altar of Plague, groupe de black atmosphérique Irlandais. Je connaissais déjà un peu et j’accroche plutôt pas mal à leur musique, envoûtante et franchement bien fichue, qui flirte avec la fleur du genre, de Darkspace (sans l’aspect astral) à Wolves in the Throne Room. Sur scène, le groupe a tout fait réussit à instaurer son ambiance, et pour tout dire, j’ai été agréablement surpris tant il y avait longtemps que je n’avais pas été à un concert. Rien de très objectif donc, je me suis juste laissé emporter par les guitares grésillantes et aériennes, accompagnées par une batterie efficace au blast dévastateur. A noter, le groupe à fait éteindre toute les lumières et à poser une simple lampe rouge sur le sol, ce qui a sans aucun doute contribué à instaurer une ambiance intimiste. Seul bémol : on aurait aimé un set un peu plus long. Tant pis, je me rattrape avec leur dernier album en date acheté sur place, Mammal, qui devrait d’ailleurs séduire les amateurs de black atmo…

Enfin, dernier groupe de la soirée, Monarch, que je n’avais jamais eu l’occasion de voir malgré leur récent passage à Nantes. Le temps d’un petit soundcheck et c’est parti, je ne dissimule même pas mon plaisir d’entendre ce son de guitare que j’affectionne particulièrement, si grave qu’il paraît n’être que vibration. La différence est d’ailleurs frappante, autant Altar of Plague a joué relativement fort (supportable sans bouchon d’oreille pour peu qu’on tolère les sifflements d’oreilles le lendemain), autant avec Monarch le son est littéralement corporel, ça tremble des pieds à la tête et je me suis demandé si la structure allait supporter un tel affront sonore. Heureusement, la Conserverie est un lieu plutôt isolé, et si ça peut être un inconvénient pour faire venir les gens au concert, c’est un avantage indéniable pour laisser aux groupes la possibilité d’exprimer leur son comme il se doit. Bref, pas de bouchon d’oreille là non plus pour profiter au maximum de cette distorsion physique.
Le groupe nous a proposé ici sa dernière fournée, à savoir leur album Omens. L’ambiance s’est faite celle d’une messe impie, j’ai été impressionné par l’entente et la cohésion des musiciens, qui semblaient ne faire qu’un pour nous insuffler leur bile. Le batteur frappait comme un mulet, le bassiste agitait le manche de sa basse comme s’il luttait contre des entités invisibles, à la limite de la rupture, les gestes étaient amples et accompagnaient la lourdeur des riffs. De son côté le guitariste enchainait les accords dont la lenteur n’avait d’égal que l’intensité du son.
Malheureusement, après quelque cris et incantations, Emilie, hurleuse du groupe, s’est retrouvée happée par une extinction de voix. Le show s’est donc finit sans les vocaux, ce qui enlève une part non négligeable de l’expérience Monarch. Toutefois, je me suis délecté jusqu’au bout des infra-basses et autres vibrations. Je me disais justement que le son est tellement énorme qu’on finit par abandonner la lutte, alors même qu’au départ on aurait plutôt tendance à vouloir en maîtriser quelque chose. Au final, c’est comme si nous nous retrouvions pris dans une épaisse substance visqueuse, incapable de se mouvoir, subissant l’assaut mortifère sans pouvoir sans défendre… mais étrangement non sans plaisir pour autant.

Fin du concert, je finis donc un peu plus sourd mais ravi de cette soirée. La configuration des lieux permettant une certaine proximité avec les artistes, j’en profite pour discuter avec Emilie, malgré son aphonie. J’ai été plutôt étonné d’apprendre que, pour elle, la création des morceaux de Monarch ne se faisait pas spécialement dans l’idée de développer un propos particulier, malgré que l’on puisse, à l’écoute des albums, sentir un fil conducteur dans leur évolution. Ce qui dirige leur trame, c’est d’abord le plaisir à jouer ensemble, la volonté de faire quelque chose qu’ils n’ont pas encore fait pour ne pas faire un album « bis », et puis la recherche de compromis entre celui qui voudrait faire un truc plus drone et celui qui voudrait mettre plus d’harmonie dans la musique. Elle m’a renvoyé vers leur guitariste pour avoir un autre avis quant aux fils conducteurs de Monarch, mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de deviser avec lui.
A noter que leur dernier album, Omens, a été enregistré relativement vite, puisqu’à une époque Monarch était éparpillé aux quatre coins du monde (France, Canada, Etats-Unis et Australie). De fait, ils ont du enregistrer l’album pendant une tournée, en ayant assez peu de temps pour la composition. Pour Emilie, l’expérience a été plutôt concluante car l’urgence a permis d’éviter de se focaliser sur des détails inutiles. Je me demandais aussi comment il faisait pour répéter, vu le genre de musique qu’ils pratiquent. Eh bien apparemment, ils ne répètent pas, ils se calent lors des premières dates des tournées.
Petite anecdote pour terminer : Monarch a désormais deux guitaristes, ce qui s’entend sur leur dernier album d’ailleurs. Il était prévu que ce guitariste se joigne à eux pour la tournée. Quand ils ont vu qu’Altar of Plague voulait jouer avec eux, ils les ont accepté, pensant qu’ils n’étaient que trois. Manque de bol, ils sont bien quatre. Il a donc fallu retirer un membre de Monarch pour que tout le monde puisse tenir dans le tour bus. C’est toujours intéressant de rappeler que ce genre de tourné tiens parfois à pas grand-chose, d’une part, mais aussi que les musiciens doivent aussi accepter des conditions parfois un peu limites lors des tournées, tout ça pour nous offrir leur prestation. Mais je m’égare.

En conclusion, une très bonne soirée pour moi, un grand merci à la Conserverie pour nous avoir proposé ça, en espérant qu’ils y aient plus de monde la prochaine fois !

PS : pas de photos, car je n'ai pas d'appareil. Il y en a quelques unes sur le site de La Conserverie

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