Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

jeudi 23 février 2012

Ovskum - Atto I & Atto II

Voilà une bien étrange formation quasiment inconnue et qui pourtant requiert toute mon attention. Ovskum est un groupe Italien formé en 2003, avec cinq démos et deux splits à leur actifs. Il n’y a pas de concept particulier qui entoure le projet, pour preuve les compositions n’ont jamais de titre. Ovskum nous propose simplement mais non moins sincèrement sa musique.

Atto I - Atto II est une compilation des deux démos respectives parues en 2004, compilation ayant vu le jour en 2006 au format tape chez Insikt, label de Kim d’Hypothermia et Lifelover, entre autres. Autant dire que le contexte laisse suggérer une musique particulièrement maladive. 8 titres pour 53 minutes, avec en side A Atto I et en side B Atto II. Les deux démos étant de la même époque, il n’y a pas de différences fondamentales entre elles, d’où sans aucun doute l’idée de les réunir sur un seul et même objet.

Les artworks d’Ovskum sont particulièrement dérangé. Extrêmement simplistes, il ne s’en dégage pas moins une atmosphère particulièrement glauque. On retrouve toujours un « personnage », aux traits fermés, réduit à sa plus simple expression : une ébauche de corps, les bras, puis le visage avec parfois un nez mais surtout des yeux, souvent accompagné de larmes. Ces dessins si simplistes sont pourtant très profonds, sans aucun doute issue d’un esprit profondément torturé. Comme je l’ai dit il n’y a pas de concept particulier. Ovskum exprime la douleur mentale, insoutenable et pourtant invisible. Une sincérité dans l’expression artistique qui ne peut qu’être appréciée.

Quel autre style musical que le black metal dépressif pouvait mieux exprimer la souffrance d’Ovskum ? Non, Ovskum n’invente rien. Oui, il est possible qu’un riff ou deux puissent sembler un peu convenus. Mais la force d’Ovskum est de proposer une musique profonde, sans calcul, sans autre idée en tête que de vomir ses tourments. Et le malaise nous saisis dès les premiers instants. Sans aucun doute aidé par un « son de cassette » forcément un peu approximatif. On ressent dans chaque instrument, dans chaque note la profondeur de la peine d’Ovskum. Une musique certainement cathartique pour les membres, car comment exprimer pareille souffrance sans l’avoir au préalable ressentie dans ses tripes, dans ses veines, dans son esprit ? Le chanteur nous crache toutes ses angoisses, on ne sait pas ce qu’il dit, on le ressens : cris, pleurs, expression primaire dont le seul but est de libérer tout ces affects négatifs, chose impossible par les mots. Le batteur nous assommes d’un tempo régulier assez lent, hypnotique, comme les coup de poignard des idées noires. Et ces riffs… Cisaillés, découpés à la lame de rasoir, rien que le son de gratte est complètement acéré, glissant sur l’esprit comme la lame sur la chaire. Le tout donne un rendu presque ambient, tellement ce qui importe dans ces compositions est d’exprimer. Le groupe ne se souci pas de la technicité, ce qui compte est de se vider, jusqu’à l’instant où l’on ne ressentira plus rien, plus rien du tout.

Ovskum propose une musique vraiment intense, très sombre et surtout torturée. L’expression même du black metal dépressif. Une musique à vif, qui puise ses sources dans la folie même. Sans artifice, sans décor, sans discours inutile, Ovskum n’a strictement rien à envier aux chefs de file de ce genre musical. On ressort complètement abattu de l’écoute, comme si nous venions de subir la plus terrible des batailles.

Une excellente sortie, que je recommande fortement aux amateurs du genre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire