Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

5ive - 5ive


5ive, ou comment faire fondre vos oreilles et vous donner des acouphènes pendant des semaines. Pour deux raisons. Premièrement, le degré d’appréciation est directement proportionnel à l’augmentation du volume, ce qui fait que plus on monte le son, plus on apprécie l’album, et donc plus on continue à augmenter les graduations sonores. Ensuite, parce que 5ive, c’est comme une drogue qui rendrait terriblement dépendant, on ne peut s’en passer et on se retrouve à l’écouter en boucle.

Le groupe se forme en 2000 à Boston, et sort en 2001 ce premier album auto-titré. Ils ne sont plus que deux dans le groupe, mais ont eu fut un temps un bassiste. Brèves présentations, mais il n’y a rien d’autre à dire en vérité, si ce n’est que le feu bassiste n’est autre que Jeff Caxide, bassiste d’Isis. Concentrons nous donc sur la musique…

Six morceaux pour 45 minutes, très peu de pause (quelques chants d’oiseaux ici, une intro légère là, ce genre de chose), et pour être franc, 45 minutes d’un mastodonte sonore qui ne laisse aucune poche d’oxygène dans ses compos. Clairement enfoncé dans la scène stoner, avec ce son sur-puissant et brûlant, on oscille néanmoins dangereusement vers le sludge et même le drone. Sludge pour le côté cradingue, rouleau compresseur ; drone pour le côté hypnotique, mur de son, les graves en avant. Le son est épais, les riffs sont épais, la basse est épaisse. C’est limite si on n’aperçoit pas le son, si on ne le palpe pas. Les riffs sont répétitifs, les changements subtils, favorisant l’aspect ritualistique de la musique. La batterie assène elle aussi un tempo répétitif, limite incantatoire avec son jeu de cymbale qui résonne sans cesse. Précisons enfin qu’il n’y a pas de voix. Et fort heureusement, car je ne vois pas trop où il aurait été possible de trouver de la place pour une voix dans tout ce capharnaüm.

La musique de ce 5ive est abstraite et psychédélique, c’est certain. Elle est sale et ardente, on a l’impression de se faire recouvrir de bitume des pieds à la tête, de nager dans un océan de décibels poisseuses. La cervelle grésille, comme brûlée par un soleil trop incandescent, les battements du cœur deviennent surpuissant et on se surprend à ressentir une psalmodie primaire dans notre être tout entier, quelque chose approchant des délires de sorciers complètement hallucinés, d’extase illuminée. 5ive, c’est aussi environ 2.8 grammes dans le sang, quand vous êtes encore conscient, mais que les sensations s’éveillent enfin en vous, que vous sentez le sang s’écouler dans vos veines, que l’ensemble de ce qui vous entoure semble participer d’un même mouvement. Un délire à l'acide surpuissant, un trip sans fin aux confins de la conscience, là où le sens des choses se transforme et transcende la psyché, là où on palpe du son, là où le corps n’existe plus et se laisse emporter au gré des flots.

Il n’y a pas grand-chose d’autre à ajouter. Cette galette est une expérience mystique et physique, tant ce que l’on ressent semble pouvoir être toucher du doigt tout en restant inexpliqué. 5ive, c’est ce genre d’album qui nous détache de la réalité lorsqu’on l’écoute, et qui prend forcément d’avantage de force lorsqu’on l’aborde dans un état favorisant le détachement. C’est ce genre d’albums corrosifs qui errent dans la masse du monde, mais qui pourtant semble s’approcher de quelque chose d’absolu. C’est ce genre d’album qu’on se dit avoir chercher depuis des années. C’est ce genre d’album pour lequel on se dit « c’est au moins pour ça que j’use mon existence sur cette foutu planète ». Ce genre d’album qu’il ne faut pas louper.

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