Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

jeudi 23 février 2012

Deathspell Omega - Fas - Ite Maledicti In Ignem Aeternum


Quatrième album du groupe, et comme on pouvait s’y attendre, cette sorti a été accompagnée de beaucoup de bruit. Certains adorent Deathspell Omega, d’autres détestent. J’entendais parler de cet album à gauche et à droite, avec plusieurs qualificatifs : excellent, prétentieux, nul, etc. Si les autres albums du groupe m’ennuyaient rapidement, j’ai tout de même voulu me faire mon propre avis sur la bête en question, et c’est ainsi que je me suis retrouvé à me passer cet album dans les oreilles.

46min et quelques secondes, c’est bien plus court que leur dernier album. Même l’EP atteignait la demi heure pour trois titres. Non pas que les morceaux soit plus court, mais il n’y en a que 6, dont une outro de deux minutes et une longue intro de 4 minutes. A vrai dire, vu le style pratiqué ici, c’est largement suffisant. L’artwork est toujours aussi particulier, avec une très forte connotation religieuse évidemment, le groupe n’est pas classifié dans le courant orthodoxe pour rien. Un épais livret accompagne le tout, contenant les lyrics. L’ensemble est vraiment très réussi. Mais attaquons nous maintenant au contenu du disque…

Hyper agressif, hyper violent, Deathspell Omega ne fait pas dans la demi mesure. On commence pourtant calmement. Un léger son en infra basse ouvre les hostilités, puis les premiers riffs arrivent. Etranges, ritualistiques, ils définissent assez rapidement l’ambiance de l’album : torturé. Ça on peut le dire. Déstructuré au possible, voilà ce que vous avez du entendre de cet album. Pourtant, un élément viens réunir le tout, un espèce de fil conducteur tendu à l’extrême reliant chaque élément les uns aux autres, d’une manière complètement chaotique. Imaginer votre corps dépecé en mille parties différentes, toutes aux mains d’étranges bourreaux s’acharnant à pratiquer sur vous les pires tortures. Mais quelque chose vous maintient vivant, quelque chose qui fait que vous subissez chaque agression avec la même intensité que si elle était unique. Le résultat en est décuplé. Quelque plage instrumentale plus posée viendront apaiser le tout, restant dans un esprit très torturé et malsain. On apprécie par ailleurs les interludes entre chaque morceau, dans un style proche de celui de Blut Aus Nord, avec souvent de l’infrabasse, pour un rendu très angoissant. Oui, pour pouvoir torturer plus longtemps, il faut parfois savoir reposer ses outils, et attendre patiemment… pour mieux recommencer. Et lorsque l’inéluctable fin se présente, la boucle est bouclée, la poussière retourne à la poussière. Pourtant, cet album laisse une trace après l’écoute, comme un résidu de chaos, une traînée de poudre qui ne demande qu’à s’enflammer. Un petit quelque chose qui vous détruit petit à petit, une substance qui vous ronge de l’intérieur. A chaque écoute on s’enfonce un peu plus dans les arcanes de la folie. A chaque écoute on reste abasourdi par une telle violence. Une dévotion qui s’insinue pernicieusement en vous, jusqu’au point de non retour.

Décrire objectivement la musique de cet album me semble quasiment impossible. On ne peut le rendre par des mots, il faut l’écouter attentivement, le vivre même pour le comprendre. Je pourrais tenter de vous parler de la précision des instruments, de cette batterie écrasante, de cette basse morbide, de ces accords dérangeants et de ces mélodies désordonnée et pourtant organiser avec une précision quasi maladive. Mais cela ne rendrait aucunement compte de la musique et de l’atmosphère qui s’en dégage. Il faut se donner corps et âmes à cette anarchie sonore pour en saisir la porté.

Deathspell Omega, déjà assez controversé, relance avec cet album un autre pavé dans les eaux trop souvent stagnantes du Black Metal. Je serais bien prétentieux de dire avoir tout saisit. Et ce n’est de toute façon pas mon but. Seule la musique m’importe, et ce qu’elle réussit à me procurer. Ici, elle m’a bousculée, provoquée, incendiée, anesthésié, torturée, comme seul les bons albums savent le faire. Fortement conseillé si vous recherchez vraiment de l’extrême musical, et si pénétrer dans les antres du chaos ne vous effraie pas.

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