Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

jeudi 23 février 2012

Shining - I - Whithin Deep Dark Chambers


On ne présente plus Shining. Quiconque fréquente un tant soit peu les sites spécialisés a déjà croisé l’univers du groupe. Qui dit Shining, dit Kvarforth, forcément, tête pensante du groupe, j’ajouterais tête maladive à l’origine de tout ce chaos auto-destructif. A l’heure où je tente ces lignes, sans compter le nombre d’alcooliques notoires qui débouchent leur troisième ou quatrième bouteille de la soirée, sans compter également le nombre de ballots qui oscillent le cou enserré dans un nœud coulant ni ceux les veines dégoulinantes de sang patientant dans une salle d’attente des urgences, Shining a déjà produit six albums. Ouaip, rien que ça, ça sent l’ironie pour un groupe qui prône l’auto-destuction, non ? M’enfin c’est toujours comme ça, le dealer ne consomme pas sa came, sinon il ne vend rien…

Alors en cette quelconque nuit j’ai décidé d’effriter mes infertiles mots sur ce premier album, Whithin Deep Dark Chambers. Replaçons le contexte, à l’époque le jeune Kvarforth est encore tout jeune, il doit avoir 16 ou 17 ans. On est loin de l’univers actuel, avec touts ces concerts, cet univers musical enrichi d’influences divers mélangées aux sources qui sont d’ailleurs d’ors et déjà présentes sur cette première galette. A l’époque, Kvarforth compose et joue tout lui-même, il dégueule sa haine à la face de l’univers insensible, et le tout a croisé mes tympans il y a de ça déjà plusieurs années. Car oui, je dois bien l’avouer, cet album à une place particulière dans mon panthéon musical, d’où la tentative cette nuit de cet écrit.

Disons-le de suite, on est loin à l’époque de toutes ces influences présentes sur les derniers albums, autant heavy que bluesy. Non, à l’époque on a le droit à ce qu’aujourd’hui on classe aisément dans la catégorie « black dépressif ». Sauf que justement, à l’époque, il n’y a pas un milliard de groupes qui pullulent dans le style. Je serais sans doute un brin revendicatif en disant cela, mais avec cet album,
Shining pose des bases importantes pour ce style si renommé à l’heure actuelle. La musique est simple, les mélodies bien fichues, les riffs bien trouvés, le tout pas trop mal assemblé, accompagné par une vraie batterie et non une vulgaire boîte à rythmes mal réglée.

Dit comme ça, rien d’extraordinaire à ce premier album, c’pas ? Mais c’est là tout le génie de Kvarforth, encore pourtant adolescent à l’époque. Car malgré une recette d’apparence simpliste, l'ambiance est bien présente. Tout l’univers de
Shining se distille déjà par tous les décibels. J’ai dit simple ? Cela n’empêche la puissance. Le son est tout simplement énorme, on le ressent directement dans les veines, les riffs sont tels la froide lame sur la peau fébrile qui se déchire, le son absorbe toute la psyché, créant un univers quasiment ambiant tellement il occupe tout l’espace. La voix est encore typiquement black à l’époque, mais déjà complètement arrachée, sans espoir, même si encore à des années-lumières des géniaux vocaux que l’on peut désormais croiser sur les derniers albums de Shining. Précisons d'ailleurs qu'à l'époque, tout est chanté en anglais, rendant donc les paroles accessibles...

Cet album suinte l’autodestruction du début à la fin, les riffs vous cisaillent la cervelle sans arrêt, chaque seconde qui passe est douleur, chaque note vous triture et réduit vos pensées en une noire poussière qui s’accroche le long de votre cervelle. Je ne suis pas objectif en disant cela c’est certain, mais je ne crois pas qu’un album puisse être objectif, sauf à être complètement technique et donc inintéressant. Ce premier album de Shining est violent dans les sentiments qu’il exprime, un mal-être évident qui dégouline le long des enceintes pendant plus de cinquante minutes, une quasi torture, une exubérance de souvenirs douloureux, ceux enfouis très loin mais qui resurgissent à l’écoute de cet album et vous brûlent au même degré que ce son complètement incendié qui mène aux confins de vos propres souffrances. Jamais l’auto-destruction n’a connu expression aussi sincère, le dégout est sur-présent, le sang s’écoule des compos, la noirceur s’étend et enveloppe votre misérable carcasse, vous n’êtes plus qu’une larve soumise à la Mort elle-même, et c’est peu dire. Et que dire de ce riff final, l’un des meilleurs composés à tout jamais, une agonie suprême, la Mort en direct comme vous ne l’avez jamais vécue, votre propre déchéance, votre pire cauchemar, celui où vous gisez dans votre sang dans le pire scénario qui soit, le Pire qui puisse vous arriver, l’ignoble tel qu’il existe malheureusement parfois.

Non, je ne suis pas objectif. Je laisse ça aux esthètes notoires qui mourront dans l’ignorance. Ce premier album est une perle, la première d’un collier qui serrera votre cou pour une fin terrible. J’en tremble encore malgré le temps qui s’écoule et l’alcool qui se répand dans mes veines. Ce premier album marque à jamais l’histoire de la musique, j’ai beau côtoyer parfois la destruction sonore, aucune sonorité quelle qu’elle soit ne s’est jamais autant approchée de l’auto-destruction. Un album intemporel à mes yeux.

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