Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

lundi 27 février 2012

Moss - Tombs of the blind Drugged


Les deux premiers albums du groupe m’avaient pourtant marqué, comme étant tout à fait réussit dans leur genre, à savoir un drone/sludge complètement mystique et abrasif. Les mythes chtoniens et autres horreurs aussi bizarres et obscures qu’insoupçonnées venaient parfaitement compléter ce tableau horrifique. J’avoue ne pas avoir regardé toutes les autres sorties du groupe et m’en être tenue aux albums principalement. Quoi qu’il en soit, c’est en 2009 que le groupe nous est revenu d’outre-espace avec l’ep Tombs Of The Blind Drugged, soit un an après leur effrayant Sub Templum.

Autant dire que l’écoute d’une telle chose se prépare : on préférera un caveau bien humide à une plage d’été sous un soleil couchant, ainsi que la compagnie des chauves souris et autres bêtes nocturnes à celle des catins de plage notoires, à moins qu’elles ne soient mortes. En somme, tout y était pour apprécier ce cru, d’un peu plus de 40 minutes quand même, en tenant compte d’une reprise de Discharge.

Soyons bref, car franchement, tout ça ne mérite pas qu’on s’y attarde. Pour tout dire, j’ai eu du mal à l’écouter en entier, j’ai même du me forcer à ne pas retourner sur les anciens albums. Ce que j’ai quand même fait, au final, car il fallait que je sois sûr : m’étais-je à l’époque laissé emporter pour la fougue de ma jeunesse ? Avais-je pris mes désirs pour une réalité en accordant à Moss une géniale capacité de torture musicale ? Avais-je osé dire du bien de Moss sans qu’il ne le mérite ? Et bien il ne semble pas. Car en effet, mes n-ièmes écoutes des albums m’ont laissés sur le même avis : ça fait fondre les oreilles, ça trou le cerveau, ça râpe le moral. Bref, c’est top.
Mais en ce qui concerne cet ep, on sent dès les premières notes qu’il manque quelque chose. Le groupe semble tourner en rond et avoir perdu l’âme qui animait leur créativité, on ne retrouve pas le truc qui faisait que la sauce prenait, la bougie de rituel qui illuminait la pièce d’une aura particulière. Là où dans Sub Templum on restait hypnotisé du début à la fin par cet assaut incroyablement noir et corrosif, là où tout le génie de Moss opérait pour nous triturer la cervelle, il n’y a plus aujourd’hui que des compositions léthargiques jouées par des zicos sous prozac.

Toute la subtilité du sludge et du drone, et donc par là-même, du drone/sludge pour les esthètes et joyeux drilles qui s’amusent à mélanger les deux, est de pouvoir jouer sans perdre le substrat de la musique, sans perdre l’auditeur dans des riffs inutiles. En somme, il s’agit de conserver une ambiance qui donne sens à la musique et qui fait qu’on peut écouter l’album en entier. Subtilité particulièrement délicate à mettre en place, tant le genre se veut austère et inaccessible. Et c’est sur le fil que je me tiens, entre d’une part un Moss créatif et accrocheur, développant des ambiances tout à fait noire qui nous tiennent en haleines sans une seule secondes de répit, et à l’inverse, un Moss apathique, qui a décidé de jouer du Moss, oubliant par là-même la raison qui les pousse à faire de la musique, et ce n’est pas la reprise de Discharge qui rendra un semblant d’intérêt à la chose. Mettez-moi une guitare entre les paluches, désaccordez moi ça de quelques tons, mettez à fond, apporter du whisky et je vais vous en faire du sludge, moi. Mais non, en fait, ça suffit pas.

Il est sans doute difficile de se renouveler dans un genre aussi extrême et aussi peu varié, ne laissant aucune place à l’ouverture musicale (sinon, ce n’est plus dans la même catégorie qu’ils évoluent), mais il ne sert à rien d’accorder un crédit particulier à cette sortie qui n’apporte pas une contribution suffisamment pertinente pour marquer le coup et pérenniser l’intérêt de pratiquer un art aussi difficile. On trouvera quand même sur la galette de quoi grailler et se remplir les conduits auditifs. Les voisins seront toujours ravis de vous avoir à côté de chez eux quand vous écouterez ça les soirs de pleine lune, et puis ça comblera un éventuel manque d’idée pour les instants où vous ne savez plus quoi écouter. En résumé, après deux excellents albums, cet ep est bof, franchement bof.

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