Spectralbestiaries
n’aura pas tardé à faire son apparition après le premier EP du groupe. D’ailleurs
on pourrait se demander si c’est vraiment un album, puisque la durée de l’opus
s’approche tout à fait de celui du premier EP, présentant « seulement »
cinq nouveaux morceaux qui passent beaucoup trop vite. Mais au fond on s’en
fout pas mal et comme pour la dernière fois, ça paraît plutôt pas mal calibré
comme ça.
Que
trouve-t-on ici que nous n’avions déjà perçu avec Superunnatural ? De
prime abord, pas grand-chose. Si je devais être honnête, il me faudrait même
avouer l’indifférence globale ressentie à la première écoute, mêlée d’étonnement
face à ce que je venais d’entendre, qui ne correspondait pas franchement à ce
que je pensais trouver sur cette galette. On prend les mêmes et on recommence ?
Un peu, oui : compos écrasantes parsemées de bidouillages sonores en tout
genre, et puis un son cradingue, plus punk que jamais, du style qui soigne tes acouphènes
par le mal.
Un peu
rapide comme analyse, quand on y pense, parce qu’il fallait bien s’attende à ce
que ça vienne nous surprendre par derrière, sans qu’on s’y attende. Tout se
joue dans l’ambiance, qui n’a plus rien à voir avec Ramesses, à part en de rares
endroits (la fin du premier morceau par exemple, ou le quatrième). Ici, on
frôle encore plus un aspect « rock », au sens très large, quoique
toujours plus crasseux. On a ainsi des mélodies parfois très accessibles, qui
déroutent celui venu chercher les horreurs classiques et la bourrinitude sludgesque
conventionnelle. Ben oui, au final, 11Paranoias s’éloigne encore plus du
sludge, en cela que les aspects doom et hardcore sont franchement dénaturés,
dilués qu’ils sont dans un mélange d’effets en tout genre, cocktail hautement
psychédélique sûrement causé par la présence de Mike vest (Bong) dans tout ce
foutras.
Au fond, on
se dit que le terme n’a sans doute pas encore été inventé pour décrire ce genre
de saleté qui dégueule un rock’n roll tout à fait punk, tellement qu’il en est
même cold-wave-esque, gavée de pilules-effets douteuses qui creusent l’espace
sonore, offrant au final un objet déroutant, borderline de par son instabilité,
débectable de crasse et curieusement addictif malgré son aspect primitif.
Malgré l’approximation
du son qui frôle la plupart du temps le foutage de gueule, force est d’avouer
que cet album est un beau salopard, tout à fait nocif et jusqu’au boutiste. Pas
si loin d’un Urfsaut, en moins black metal et en plus toxique, dans le registre
du désespérément foutu. Et j’ai beau chercher, je n’arrive pas à trouver un
groupe qui soit aussi cynique qu’eux.