Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

lundi 27 février 2012

Daturah - Daturah

Après m’être envoyé régulièrement leur premier album dans la tête, Reverie, ma curiosité ne pu résister et c’est donc tout naturellement que la première démo des allemands de Daturah arriva par un quelconque jour de la fin Juillet dans ma boîte au lettre. Un sobre self-titred album, sorti par les soins du label de Chicago Graveface Records.

La présentation est un peu légère, une simple pochette en carton, sans livret, et pourtant on n’est loin ici d’une simple démo enregistrée et achevée à la hâte et dans l’empressement si souvent caractéristique des groupes émergents. Mais l’objet demeure respectable et l’on comprend que pour une première sortie on ne mette pas les plats dans les grands, même si musicalement, la qualité est là.
Pour ce qui est de l’artwork, il s’agit de branches d’arbres très compactées, étouffantes, une sensation de labyrinthe étroit, quelque chose de sinueux, tortueux. Mais l’on remarquera aussi le contraste entre le blanc et le noir, ce qui au final représente assez bien la musique proposée ici, la dualité entre l’enracinement et l’envol, j’y reviendrais plus tard.

Trois morceaux pour à peu près quarante-cinq minutes de musiques, on comprend de suite que les constructions sont longues, plus longues encore que sur l’album qui suivra. On ne sera d’ailleurs pas étonné de retrouver sur le longue durée quelques plans croisés sur la démo. Néanmoins, tout est déjà là, les lentes montées échelonnées avant l’envol à vitesse grand V et la sensation de voler à vive allure, loin, tout là-haut, dans une masse de nuage cotonneux, avant de redescendre lentement, virevoltant comme une feuille morte parmi les bourrasques de vents. Seule la dernière piste échappe à cette construction, et l’on se retrouve avec une dépressurisation violente, comme si d’un coup vous atterrissiez d’un voyage à plusieurs kilomètre de la terre, laissant en vous une étrange sensation de vide.

Pour ce qui est du son, on retrouve toutes ces notes cristallines sur lesquelles viennent se greffer basse, batterie, puis un mur de riff très metal, tout en restant assez peu agressif, jouant d’avantage sur une approche ambiant de la chose avec des envolées très puissantes. On trouve déjà quelques samples intelligemment disséminés, et pour ainsi dire un univers déjà parfaitement maîtrisé. Une particularité réside dans la sonorité de la basse du premier morceau, avec un gros son bien vibrant et épais, répétitif, hypnotique, que je ne crois pas avoir recroisé sur l’album, pourtant c’est loin d’être un défaut, le contraste entre la basse qui nous enfonce dans la terre et ces arpèges lointains et aérés est saisissant, et n’y est certainement pas pour rien dans les sensations qui se dégagent de l’album.

En effet, malgré qu’il s’agisse là de la première sortie pour le groupe, l’intensité de la musique est déjà énormissime, en particulier l’intensité du contraste, qui donne à la musique toute sa splendeur et toute sa sensibilité à fleur de peau, un contraste éclatant entre l’envie de s’enfoncer dans la terre et d’y rester inerte, et l’envie de légèreté, d’évaporation. On trouve également une nostalgie bien présente, un détachement profond des choses se fait ressentir, que l’on trouvera aussi sur Reverie, et c’est avec résignation que l’on réintègre la réalité.

Cette première démo n’était donc pas faite, semble-t-il, pour promouvoir d’éventuels talents prometteurs, mais plus simplement pour annoncer le véritable décollage du groupe. Les compos sont déjà tout à fait succulentes et imprègnent sans difficulté aucune notre mœlle moribonde. Pas la peine d’en dire plus, si vous avez aimé l’album, cette démo devrait satisfaire votre envie de voyage psychique.

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