Musique et tergiversation sur tout et rien, surtout rien.

mardi 28 février 2012

Hjarnidaudi - Pain.Noise.March


Hjarnidaudi. Un bien étrange nom pour une bien étrange identité. Emerger fin 2008 des abysses par le biais d’Avantgarde Music, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de bruit autour de cette sortie avant qu’elle ne se manifeste. Mais précisons de suite la particularité de l’opus ici présenté : il s’agit de la version incluant les vocaux du Sieur Kvarforth, alias la tête pensante de Shining. Il semble qu’une première version ait vu le jour sans les vocaux.

A la lecture de la présentation que nous fait Kvarforth de l’album, on est en droit de s’attendre à quelque chose d’étrange voire même d’indomptable. En effet, il semble que le compositeur derrière Hjarnidaudi soit plus ou moins proche de Kvarforth, et qu’il lui ait proposé ses entités sonores. C’est alors que Kvarforth eut l’idée d’apposer ses déchirements vocaux sur la musique préexistante. Voilà comment un projet quelconque qui n’était pas voué sans doute à grosse distribution émerge sur le devant de la scène, et je dois bien reconnaître que ce fut pour mon plus grand bonheur. Mais arrêtons là les présentations de contexte.

La musique de Hjarnidaudi, comme je l’ai déjà mentionné, est étrange. Trois morceaux pour plus de quarante minutes de musique, vous comprendrez que l’on a affaire ici à des compos qui se construisent dans le temps. On s’approche du doom dans l’atmosphère de perdition, dans les tempos, dans les riffs parfois. Pourtant, le caractère « aigu » de l’affaire semble nous en éloigner, exit les sons ultra bas. On a ici une pléiade de ce que j’appellerais des non-riffs, tant leur caractère est insolite, avec une sonorité particulière, aigu, malpropre, distordu. Le tout sonne extrêmement glauque et psychédélique. Et l’on pense ici à la deuxième partie du premier morceau, entre les gros riffs assassins et ces mélodies bizarroïdes au possible qui s’échelonnent les unes sur les autres pour donner finalement un maelström effrayant de noirceur. La fin du troisième morceau recoupe la même impression, avec une construction différente cela dit, puisque l’on se noie alors dans la distorsion. Le point commun de ces deux morceaux est sans aucun doute la monté en puissance proposée, avant l’explosion finale, cataclysmique et dévastatrice.

Les voix, dans tout cela, effectuées par le maître Kvarforth qui s’impose au monde du metal comme maître hurleur, de par sa capacité à générer des vocaux aussi puissants que dévastateurs, et pourtant variés. Ici la palette de style s’élargit, et l’on a le droit à un autre aspect de celui qu’on rencontre dans Shining ou encore Den Saakaldte : beaucoup de voix claires, parfois quasiment sur un mode incantatoire, parfois plus désespéré, parfois angoissé. Pas de véritables lyrics, il semble que cela soit venu comme ça, à l’écoute des morceaux. Quoi qu’il en soit ils accompagnent à merveille la musique.

Mais qu’en est-il de l’univers même qui se dégage de l’écoute d’un tel album ? A la description bien incomplète que j’ai tenté de présenter ici, vous vous douterez certainement qu’on ne deal pas avec des atmosphères communes. On touche aux sphères de l’indicible, on vogue dans un univers sans sens où les perceptions se trouvent bafouées, nous errons dans un monde où la raison s’effondre sans espoir de renaissance. C’est un délire musical auquel nous sommes soumis, délire négatif au possible où la réalité n’a plus de place. Une chute sans fin dans un gouffre sans fond, un insoutenable vide qui ravage l’esprit et ronge l’espoir, du noir et encore du noir, des sensations dans tous les sens qui se perdent et nous perdent, une dévastation subit sans autre possibilité. L’on a beau se battre, c’est peine perdue, toute force nous abandonne face à la puissance de cet atrocité, comme si cela était et ne devait pas être autre, malgré la douleur. De ce combat, seul la destruction vaincra.

Hjarnidaudi signe avec son premier album et l’interprétation vocale qu’en propose Kvarforth une excellente sortie, qui laisse présager du meilleur. Le genre de groupe que je ne découvre que trop peu souvent et qui me retourne la cervelle encore bien des écoutes après la découverte. Signe d’une puissance qui s’étend bien au-delà des sphères de la musicalité et de l’art, on touche ici à quelque chose de presque concret et en même temps de très abstrait, une concrétude effrayante dans l’expression de sentiment abstrait de par leur bizarrerie. Les riffs tourne encore bien après l’arrêt de la lecture, les sentiments imprègnent votre imaginaire d’images morbides, vous errez alors sans but, anéanti par cette nouvelle réalité.

Et quand on sait qu’un nouvel album est déjà prévu, PsychoStarVoid, on s’impatiente d’ors et déjà, notre cervelle infâme réclame sa dose de destruction.

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