Du coup, va sérieusement falloir que je me penche sur leur dernières sorties. J'avais bien apprécié leur "Outré", mais je dois avouer qu'il a un peu pris la poussière depuis. Swarth et Vexovoid, me voici.
dimanche 10 novembre 2013
Portal - Curtain (clip)
Hop, le clip du morceau Curtain de Portal, issu de leur dernier album Vexovoid. Une petite pépite qui a le bon goût d'être créatif et de ne pas tomber dans le classique cliché des groupes de metal : "ben les mecs, si on se filmait en train de jouer et de faire des grimaces ?"
Du coup, va sérieusement falloir que je me penche sur leur dernières sorties. J'avais bien apprécié leur "Outré", mais je dois avouer qu'il a un peu pris la poussière depuis. Swarth et Vexovoid, me voici.
Du coup, va sérieusement falloir que je me penche sur leur dernières sorties. J'avais bien apprécié leur "Outré", mais je dois avouer qu'il a un peu pris la poussière depuis. Swarth et Vexovoid, me voici.
jeudi 26 septembre 2013
Levitation - Le Chabada (ANGERS) - Live Report
Et voilà, la première édition du festival
« Levitation », aka le pendant français du Austin Psych Fest, s’est
terminée il y a quelques jours. Trois ans après le jumelage entre Angers et
Austin, Le Chabada s’est en effet proposé pour accueillir la version
internationale du fameux festival psychédélique texan.
Petit live report de ces deux jours éreintant mais
ô combien riche en découverte et en musique. Tout ça sans photo, parce qu’honnêtement
j'ai du mal à faire deux choses en même temps.J’ai croisé quelques vidéos sur youtube, en qualité amateur, et puis vous pouvez trouver des photos du premier jour ici et du deuxième jour là.
Le festival s’est déroulé sur le site du Chabada, avec deux scènes : la grande salle à l’intérieur et une scène montée à l’extérieure. De fait, le bar (qui accueille habituellement une petite scène) fut l’endroit où il était possible de boire, de se poser, de boire, de jeter un œil au merchandising des groupes, de boire et… enfin vous voyez quoi, le lieu de transition du festival. Il y a d’ailleurs eu quelques projections de films sur les murs, histoire de rester dans l’ambiance, mais je ne saurais vous dire quoi. Je me suis toutefois demandé si l’exposition de pochettes d’albums installée au Grand Théâtre dans le centre ville d’Angers n’aurait pas pu se faire en ce lieu, mais sans doute était-ce trop compliqué à mettre en place. Dehors, à côté de la petite scène, on trouvait également un autre bar, au cas où on n’aurait pas assez bu à l’intérieur, et de quoi se restaurer. Et autant ce n’était pas forcément génial de regarder les concerts en étant plongé dans une odeur de frite, autant je dois bien reconnaître que le burger canard/moutarde à l’ancienne accompagné de ratatouille était juste mortel (et la bonne bouf’ dans un festival, ça compte).
Deux coups de gueule quand même. Un premier léger,
et qui me fera sans doute passer pour un papi mais après tout, pourquoi
pas : ça manquait de lieux pour se reposer les esgourdes, car même le bar
était parfois envahi de musique et honnêtement, au bout d’un moment, j’ai un
peu saturé (je n’avais qu’à mettre des bouchons d’oreilles, me direz-vous).
Dans le même registre, la gestion du programme au poil de minute près, c’est pratique
pour enchainer les concerts, mais trop usant à la longue : pas un seul
instant pour se poser et reprendre ses esprits, ce qui au bout d’un moment ne
permet plus d’apprécier les concerts que l’on voit. J’ai surtout ressenti ça le
deuxième jour (cf. les concerts du samedi dans le live report).
Deuxième coup de gueule, sans doute le plus
important à mes yeux (et mes oreilles) : le son de la scène extérieure fut
globalement dégueulasse ! Bon ok je peux être parfois tatillon sur mes
critères, mais étant donné la qualité des groupes qui sont passés sur cette
scène, je trouve vraiment dommage de ne pas avoir pu proposer quelque chose de
meilleure facture. Outre les problèmes de larsen récurrents, le son était
imprécis, et franchement suraigu, venant gâcher certains shows (je pense ici à
Wall of Death par exemple). Au contraire, et pour relativiser ma critique, le
son de la grande scène était tout bonnement excellent, ce qui rendait tout à
fait honneur aux groupes présents sur scène.
Allez, trêve de bavardage, on passe à l’essentiel.
1er jour - Levitation - Le Chabada (ANGERS) - Live Report
Hop, je débarque vers 19h pour sept groupes et un
peu plus de 7h non-stop de musique, armé fébrilement de mon pass deux jours
(non vraiment, je ne regrette pas d’avoir opté pour le festival complet…). Il
fait beau, ce qui laisse présager du meilleur pour la soirée, et franchement ce
n’était pas gagné car toute la semaine avait été plutôt fraiche et humide. Ce
relent d’été n’en est que plus agréable pour appréhender ce festival.
19h15, c’est The
Blondi’s Salvation qui ouvre les festivités avec sa musique aux ambiances
variées, évidemment psychédélique mais nourrie d’influences diverses et
toujours bien venues (à noter, l’utilisation d’un sitar, le seul groupe avec
Elephant Stone a en avoir utilisé). Le groupe est énergique, les musiciens bien
présents et ça se ressent dans leur prestation plutôt efficace, surtout pour
démarrer un tel festival. Je suis tout de même resté un peu sceptique sur les
voix, qui manquaient à mon sens d’un peu de profondeur. Mais globalement, on ne
boude pas son plaisir.
On enchaîne avec Lola Colt, et d’emblé le niveau est élevé. Le groupe est bien calé,
autant au pour ce qui est des compos que de la prestation scénique (un travail
particulièrement appréciable sur les lumières par exemple). Impossible de
passer à côté du chant, clair et puissant, qui dénotera tout à fait avec
l’ensemble des groupes du festival. Musicalement parlant, on lorgne du côté
d’ambiance westernisante, imposant des images musicales tout à fait
intéressantes, quasi épiques. Seul bémol, c’est beaucoup trop propre à mon
goût, trop lisse, trop sage, bref : ça manque de vivant et d’envol. A demi
convaincu donc. A noter la bassiste qui n’a visiblement pas laissé grand monde
indifférent, comme le dira une damoiselle à son amie « je pourrais bien devenir
lesbienne »…
Et ça continue, cette fois-ci avec les teutons de Camera. Pour faire court, je me suis
pris une petite claque, ce qui est sans doute du au contraste avec Lola Colt.
Le trio propose une musique bourrée d’énergie, happante, entêtée, hypnotique,
calme et soudainement agressive, parfois bruitiste. Le tout dans une ambiance
scénique typiquement shoegaze, les yeux rivés au sol. Rah que ça fait du bien
d’avoir un truc un peu plus couillu. A noter le batteur fou, qui n’a pas
vraiment de batterie d’ailleurs : deux caisses claires et un tome qu’il
frappe sans relâche, debout, utilisant un micro et quelques pédales d’effets
pour amener quelques variations. Ah oui, pour remplacer le charley, il a un
tambourin posé de biais au sol, qu’il active avec son pied, quasiment sans
discontinuer. Je n’ose imaginer les mollets de cycliste qu’il faut avoir pour
faire ça… Bon, du coup, je me suis choppé leur album « Radiates ! »
: et ben je confirme la coolitude du groupe, avec les mêmes montées en
puissance typées post-rock, mais avec un côté spatial qui m’avait échappé (du
fait du son de la scène extérieure ?).
Tamikrest
nous offre ensuite un peu de calme et d’exotisme avec son blues touareg nourri
au dub et au psychédélisme, le tout saupoudré d’un message de paix et
d’humanisme. Beau moment mais j’ai un peu décroché, c’est à nouveau trop propre
pour moi. Et sans doute ai-je été trop influencé par un gus notoire
particulièrement « high » et qui n’avait visiblement pas conscience
que tout le monde l’entendait déblatérer ses pensées à voix hautes, y compris
les zicos. Un peu gênant lorsqu’il explique à l’un de ses camarades que le
groupe vient d’au moins 8000 km, « 8000km
de couscous », a-t-il précisé. Oui, c’est un peu raciste, mais je n’ai
pas pu m’empêcher de rire. N’empêche qu’il en tenait une bonne, le bougre. Et
je m’arrête là parce que ça n’a plus rien à voir avec le groupe.
Wall of
Death a ensuite offert un show qui semblait très attendu, à voir le monde
massé devant la petite scène. En même temps, le groupe est produit par les
Black Angels, ce qui octroie forcément un peu de crédit. Mais ça ne sera pas
pour moi cette fois-ci, sans doute ai-je été floué par le son de la petite
scène, mais j’ai eu du mal à entrer dedans, et puis je trouvais ça trop proche
de leur grand frère, justement. Ça ne m’empêche pas de penser que le groupe
aurait eu une tout autre allure sur la grande scène. Mais au vu de leur mise en
scène, sans doute n’était-ce pas justifié. A noter la guest songs avec Alex Maas
et Christian Bland, toujours des Black Angels.
Au tour de Night
Beats maintenant, qui m’intriguait depuis un moment mais que je n’avais
jamais pris le temps d’écouter réellement. Eh bien ce fut encore une belle
surprise pour moi, j’ai franchement bien accroché à leur rock-garage-psyché ultra
énergique et délicieusement rétro, aux ambiances d’arrière-salle des années 50.
Une forte impression notamment du guitariste au charisme certain, surtout quand
il enchaîne les pétages de cordes sur sa guitare et qu’il continue comme si de
rien n’était. Seul bémol, après autant de concert mes souvenirs sont un peu flous
et puis j’étais décidément trop près de la scène pour en profiter pleinement. Quoi
qu’il en soit, les musiciens étaient tous à fond dans leur prestation, ce fut franchement
plaisant. Et « Sonic Bloom », leur second album désormais disponible, est
une petite pépite.
Les Black
Angels clôturent la soirée, après un court temps de changement de plateau
(le seul de la soirée que l’on a eu subir, puisque sinon les groupes alternaient
d’une scène à l’autre). Comme on pouvait s’y attendre, ce fut la grosse
artillerie, le panzer psych-rock, et la foule était bien présente, bien que pas
non plus hystérique. Le show fut carré, efficace, puissant et énergique, avec
un son simplement énormissime (rah ce fuzz de bâtard !). Le set d’environ
1h30, rappel compris, a vu s’enchaîner les tubes, principalement tirés des deux
derniers albums du groupe, mais sans omettre non plus quelques plongés dans les
deux premiers opus du groupe (un « You
on the run » toujours aussi efficace). Au final, on a parfaitement
retrouvé l’énergie du groupe, qui parvient s’y bien à faire du
« psyché-pop », c'est-à-dire à user des codes du psych-rock mais en
les passant au filtre pop, se rendant par la même très accessible. Un très bon
moment malgré la fatigue, et c’est la fin du premier jour.
2ème jour - Levitation - Le Chabada (ANGERS) - Live Report
La journée commence avec l’annonce de l’annulation
de deux groupes, Strangers Family Band et Temples, remplacés par Neue Wild. Cela
entraînera également quelques modifications dans l’ordre de passage des
groupes.
Globalement, ce second jour sera plus laborieux
pour moi : à de nombreuses reprises j’ai simplement décroché des concerts
sans parvenir à y revenir pour un second avis. La faute à une organisation
« marathon » qui se justifie sans aucun doute mais qui ne facilite
pas la vie de nous autres, les spectateurs béotiens. Cela dit, ça n’enlève rien
à la qualité de cette deuxième journée comme de l’ensemble du festival. Disons
que j’ai été davantage en dilettante pour ce dernier jour.
On débute les concerts avec Lonely Walk qui du fait des changements de programmation, a eu
droit à la grande scène, donc à une bonne sonorisation. Clairement influencé
post-punk et dérivé « -wave », le groupe a assuré une prestation
honnête, mais qui manquait malheureusement de punch et d’assise scénique (ça
manque un peu de maturité quoi), même en tenant compte du style pratiqué qui
n’invite pas nécessairement au tremoussage d’arrière-train. Les musiciens me
semblaient aussi un peu ailleurs. Malgré tout, ils ont réussi à retenir mon
attention jusqu’au bout.
C’est Neue
Wilde qui a enchaîné, au pied levé donc, et euh bon, ce n’était pas
mauvais, mais je n’ai pas du tout réussi à rentrer dedans. Fougueux et
expérimental, mais aussi bordélique, je reconnais tout de même aux zicos leur
capacité à transmettre leur plaisir à jouer.
On poursuit avec The UFO Club, avec dedans des vrais morceaux de Christian Bland
(The Black Angels) et de Lee Blackwell (Night Beats, le bougre ayant encore
cassé une corde sur sa guitare). Très sympa mais sans doute aussi un peu trop
proche de leurs groupes respectifs, je n’ai été qu’à moitié convaincu, bien
qu’il me soit impossible de les critiquer pour leur prestation réussie. C’est
rétro à souhait, bien calibré et rempli de petits délires fun, comme un morceau
très influencé par Pulp Fiction, des loups-garous et des ambiances typées
ufologie des années 50.
On change de registre avec Mars Red Sky, que j’avais déjà vu au Chabada en 2012, et que
j’attendais avec impatience parce que je suis juste fan de leur musique,
parfait mélange de son écrasant et tellurique et d’ambiances aériennes,
délicates et empruntes d’une douce nostalgie. En live, ça dépote sévère et leur
son massif impose leur présence. Je reste toujours dubitatif sur leur façon
d’interagir avec le public, qui fait encore très amateur alors qu’ils gagneraient
en charisme à la travailler un peu, mais encore une fois je suis tatillon. Donc
un set très bien exécuté avec des musiciens bien dans leur musique, deux
nouveaux titres présentés, des morceaux déjà cultes qu’il est toujours plaisant
de vivre en live. Seul bémol à nouveau… le son, mais je commence à être
redondant là, non ?
Hop, on bascule à nouveau dans un registre tout
autre puisque c’est Beak> qui
prend la relève sur la grande scène, en version intimiste (tous les musiciens
sont assis, entourés d’espèces d’écrans qui exposent des images répétitives).
Je vous promets que j’ai essayé mais je ne devais décidément pas être d’humeur
ce jour là pour découvrir le groupe, parce que je n’ai pas pu accrocher, la
faute à un côté trop répétitif. Depuis j’ai visité leur bandcamp et ça commence
à être suffisamment intriguant pour que je me penche sérieusement dessus, comme
quoi…
C’est au tour de Telescopes de prendre la relève, sans doute le plus vieux groupe du
festival puisque leur premier album date de 1989 (quand même !). Je
n’avais jamais entendu parler d’eux, mais je dois dire que j’ai plutôt bien
accroché, notamment grâce à leur côté shoegaze/noisy tout à fait agréablement
irritant (comment ça, c’est contradictoire ?). Il semble qu’ils aient eu
des soucis au cours de leur set, notamment le chanteur qui ne parvenait pas à
se faire entendre. Rien qui n’ait gâché mon plaisir malgré tout, j’ai même été
plutôt très pris dans leur délire noisy (et mes oreilles en sifflaient encore
d’admiration après quelques jours…).
Damo Suzuki
prend la relève. La particularité de l’artiste est de choisir sur place les musiciens avec qui il va jouer.
Cette fois-ci, ce fut des membres de Beak> et de Dead Skeletons, me
semble-il. Le moment fut assez unique, un sorte de pièce psychédélique
d’environ une heure, sans pause, où Damo Suzuki déclamait son mantra
(répétait-il toujours la même chose ? c’est bien possible), pendant que
les zicos imposaient une ambiance incantatoire (était-ce de l’improvisation ou
avaient-ils une ligne conductrice tout de même ? Je ne saurais dire). Pour
tenter un rapprochement, je dirais volontiers qu’on n’était pas si loin d’un
concert de Sunn o))), d’une certaine manière, où le principe de
« compos » et de « morceaux » n’a plus vraiment cours et où
le son et l’immersion priment. Au final, il en ressort un moment quasi
hors-temps, difficile à relier au reste de festival tant la musique était
incroyablement intense et profonde.
Forcément, enchaîner avec Elephant Stone n’allait pas de soi. Je dois bien avouer que leur
net penchant pop m’a profondément ennuyé et j’ai préféré me retirer pour
laisser les amateurs en profiter.
Idem pour Dead
Skeletons, visiblement très attendu par certains, mais qui ne m’a pas franchement
marqué non plus. Est-ce la fatigue qui a joué contre-moi ? Sans doute.
Est-ce mon choix de mettre enfin des bouchons d’oreille afin de reposer un peu
mon ouïe avant Dead Meadow qui m’a empêché de rentrer dans leur musique ?
Peut-être. Malgré tout, et après avoir écouté un peu leur album après coup, je
dois bien dire que je n’accroche pas vraiment à leur semblant de musique
incantatoire, qui me semblait plus maniérée que sincère. Mais cela reste un
avis personnel.
Le festival se termine avec, excusez du peu, Dead Meadow. Pour le coup je libère mes
oreilles de leurs bouchons histoire de profiter du son de la grande salle qui
rend tout à fait honneur aux amplis Orange du groupe. Un excellent concert,
très bien exécuté, sans fioriture, qui voit passer des morceaux de leur dernier
album « Warble Womb » comme des titres plus anciens tirés de
leurs précédents opus. On retrouve toute la finesse du groupe, qui oscille sans
qu’on s’en rende vraiment compte entre blues/folk, heavy et rock psyché. Les
solo de guitare sont tout bonnement excellents, et parviennent toujours à nous
accrocher pour nous emmener loin dans une atmosphère enfumée. La salle se vide
peu à peu, sans doute à cause du côté répétitif du combo et forcément moins
accessible que les Black Angels. Qu’importe, les Dead Meadow nous ont gratifié
d’un long set de plus d’une heure et demi, en toute intimité, un peu comme si c’était
des amis qui jouaient à la maison. Faut dire qu’on se sent tellement bien avec
leur musique.
Ce fut donc un week-end chargé mais tout bonnement
excellent, surtout si l’on garde à l’esprit que c’était sans doute la seule
occasion européenne de croiser tous ces groupes ensembles. Que cela ait eu lieu
à quelques minutes de chez moi, autant dire que j’étais aux anges. Merci au
partenariat entre Angers et Austin, merci au Chabada et toute l’équipe pour la
gestion de ces deux jours, et bien sûr, merci aux groupes !
Ah oui, et tant que j’y suis, pour l’année
prochaine, pourquoi ne pas penser une programmation avec des choses plus
variées ? Pourquoi pas du dub, du metal (sisi, le psyché se conjugue très
bien au heavy as hell !), de l’électro (oui je sais, il y avait Beak>
cette année), des musiques traditionnelles, etc. ?
lundi 26 août 2013
dimanche 21 juillet 2013
Toner Low - III
Ben ça alors… Toner Low qui nous sort un troisième album, moi qui avait
finit par me persuader que non, c’en était fini du groupe, après deux très bons
albums (respectivement 2005 et 2008). Et les voilà qui reviennent,
discrètement, l’air de rien, nous offrant leur nouvelle récolte. Presque cinq
années auront donc été nécessaires pour que le groupe pousse à maturation leur
compos. Et vu la couleur des vinyles, autant dire que ça sent la bonne came.
Pas la peine de chipoter : « III » pour notifier qu’il
s’agit là du troisième album, quatre morceaux, un par face, intitulé de manière
très sobre (phase 6, 7, 8 et 9). En guise de pochette : des feuilles de cannabis.
Je crois que tout est dit, au moins c’est clair et on n’aura pas à aller
chercher une éventuelle explication mystique sur le sens de l’album et des
paroles (n’est pas Neurosis qui veut, hein).
A peine la galette posée sur la platine, on se confronte à un mur de
son gigantesque, digne des plus couillus de la scène stoner-doom. En un mot
comme en cent : MASSIF. Epais, aussi. Incroyablement intense, détaillé,
énergique, subtile tout en restant mastodonte. Du Toner Low, en somme, mais en
version upgrade, me semble-t-il, de la même manière qu’entre le premier et le
second opus, le son avait déjà gagné en puissance. Alors par contre, il n’y a
pas vraiment le choix : il faut écouter ça fort. Très fort. Sinon, ça ne sert
à rien et on perd la moitié de l’album. D’ailleurs, le degré de plaisir est
directement proportionnel à la hauteur du volume.
Et puis il y a ces fameux riffs, aussi accrocheurs que répétitifs. Là
encore, du Toner Low tout craché, mais en encore plus addictifs, plus complets,
mieux travaillés. Au fond, on a là un excellent mélange de musique
psychédélique et de doom, où le riff est roi pour créer la léthargie, nous
guidant dans les outre-sphères intersidérales et les errances hallucinées de
tout poil. Quasiment pas besoin de chant, tout est dans les variations des
riffs ; et vas-y que je t’en ponde du hyper entêtant, puis que je te balance
des vocaux arrachés, avec quelques effets/solo bizarroïdesques. A peine
quelques petites pauses dans tout ça, juste de quoi éviter l’explosion des
tympans, par exemple avec le début du troisième morceau, très ouvert, qui
finira bien sûr par s’embourber comme il faut dans son fuzz. Et pourquoi pas
aussi que je te plongerais dans une contemplation crépiteuse, écrasée que tu es
par tout ce fuzz qui dégouline de partout, tout en lenteur, tellement que le
son paraît se décortiquer devant tes mirettes qui en chialent de bonheur. Car
oui, le plus jouissif dans cet album, là où le groupe excelle, c’est
typiquement dans les passages ralentis, très ralentis, qui permettent autant au
son de se déplier et d’exprimer au plus juste toute sa puissance qu’aux
ambiances de s’approfondir, de s’alourdir, bref : de donner toute son
envergure au groupe qui ne fait pas qu’enchaîner des suites de riffs « cools ».
III est donc une petite tuerie, bourrée de références bien digérées et
subtilement insérées dans les compos, lorgnant autant du côté du drone que du
sludge et, bien entendu, du stoner. Plus encore, ces références s’effacent quasi
complètement pour laisser place à l’ambiance unique dessinée par le groupe. Ces cinq ans d’attente semblent ainsi tout à
fait justifiés, permettant à Toner Low de creuser un peu plus son sillon et
d’assoir sa présence dans cette scène stoner doom pas si surchargée que ça
quand on y pense bien.
A écouter d’urgence, on n’est pas loin du chef-d’œuvre tellement on y
revient régulièrement pour se reprendre une nouvelle claque.
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