C’est peu
après la fin de Ramesses qu’a surgit 11Paranoias, que l’on pourrait résumer en
gros à « Ramesses avec un gars de Bong » (Mike Vest, en l’occurrence).
Autant dire une affaire de famille. Superunnatural est donc le premier EP du
groupe, regroupant quatre morceaux pour un total de 26 minutes.
La fin de
Ramesses n’avait pas franchement été une bonne nouvelle, étant donnée la
qualité de leurs sorties et leur ambiance tout à fait singulière qu’ils avaient
su imposer dans le milieu. En témoigne leur dernier album, « Possessed by
the rise of magic », qui avait marqué un affranchissement encore plus poussé
des codes habituels du sludge pour offrir des expérimentations plutôt réussies,
n’hésitant pas à lorgner du côté de la cold wave par exemple.
Je n’ai
absolument aucune idée de ce qui a poussé Ramesses à s’arrêter (ou plutôt, à se
mettre en pause pour une durée indéterminée…), outre le départ de Tim Bagshaw
si je ne m’abuse. Une chose est sûre néanmoins, c’est qu’à l’écoute de ce
Superunnatural, on comprend qu’il ne s’agit pas tant de la fin de Ramesses que
de son évolution logique. Déjà dans leur dernière galette, on sentait que leur
sludge trépassait pour laisser place à des influences moins habituelles dans le
genre, comme je viens de le dire. Et bien autant dire que la bête est désormais
lâchée, et que l’équipage a sérieusement sombré et perdu le contact avec la
réalité : on garde la puissance du sludge d’antan, mais dégagé des
habitudes et des attentes que l’on pourrait avoir quand on pense à ce registre
musicale, pour laisser la place à une sérieuse dose d’un psychédélisme malsain
et maladif. C’est déroutant de prime abord, tellement que c’est crade, punk,
joyeusement nihiliste, inquiétant même, dans la version angoisse qui fissure le
crâne. Mais c’est aussi salement addictif, à faire passer les ténors du sludge
pour des amuseurs publics.
L’EP est
court, ce qui est autant une qualité qu’un défaut. Une qualité d’abord, parce
que c’est déjà suffisamment éprouvant comme ça et que les morceaux auraient
facilement pu devenir trop répétitif s’il y en avait eu d’autres. Un défaut
ensuite (surtout ?), parce que quoi qu’on en dise, on s’en enfilerait bien
encore un peu (et alors, qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Et puis j’arrête
quand j’veux de toute façon…). Je pense notamment au dernier morceau, Inside Eusas Head, qui prouve sans
difficulté que le groupe à les compétences nécessaires pour calmer le jeu,
mettre en avant leurs délires bruitistes et instaurer une ambiance plus posée
mais non moins noires et enfumées. Et ils sifflent, en plus, les bougres !
C’est précisément dans ce morceau, à mon sens, qu’on comprend où le groupe nous
emmène désormais, dans les crépitements sonores secondaires, ceux qu’on n’entend
jamais la première fois mais qui s’insinuent peu à peu, dévoilant le contour d’une
œuvre étrange, écrasante et impalpable à la fois.
Vraiment, à
l’écoute de cet EP, on n’attend qu’une seule chose : une version longue de
tout ça.
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